Me voilà séduite par cette chronique africaine douce amère où l'héroïne, Aya de Yopougon, jeune fille sage de 19 ans, ayant décidé de s'en sortir par les études - au contraire de ses amies fêtardes incorrigibles Bintou et Adjoua qui élaborent d'autres stratégies moins glorieuses pour réussir (cette fameuse série C : Coiffure, Couture et Chasse au mari) - nous embarque dans son quotidien en Côte d'Ivoire dans les années 1970.

Et ce quotidien est bien loin des clichés servis habituellement sur l'Afrique. Ici les jeunes gens pensent à leur avenir, mais aussi à gazer dans les maquis, les tanties au langage fleuri s'occupent de leur progéniture et de leur foyer, et si certains tontons ont laissé leurs cerveaux dans leur pantalon, d'autres font prospérer leurs affaires. Les amours s’épanouissent dans la chaleur de la nuit à l’hôtel aux mille étoiles, les conflits se gèrent autour d'un verre de Koutoukou et les scandales s'étouffent à coup de noces.

Vu la qualité de cette BD haute en couleur qui, à la base, semble être destinée aux ados, je gage que bon nombre d’adultes se laisseront au même titre que moi, transporter avec plaisir à Yop City !

Mention spéciale aux bonus qui nous apprennent à cuisiner un poulet Kédjénou, rouler son tassaba pour faire tomber les môgos, comprendre grace au lexique ce langage coloré ou porter son bébé au dos...

Aya de Yopougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie - Gallimard BD

Aya, Dieu que c'est beau !

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